Cette hypothèse, par son originalité, m’a profondément intrigué.
Je savais, bien sûr, qu’un tel bouleversement entraînerait une chute drastique des températures. Mais il me fallait considérer aussi d’autres paramètres, notamment l’intensification du volcanisme terrestre sous l’effet des forces gravitationnelles colossales de la géante gazeuse.
Il y aurait aussi les radiations mortelles émises par Jupiter. Pourtant, j’ai choisi de placer la Terre à une distance suffisante pour que ces radiations restent inoffensives — un choix narratif pleinement assumé. Dans le cas contraire, l’histoire aurait emprunté un chemin bien plus sombre… mais tout aussi fascinant.
Ce nouveau cadre, bien que dramatique, n’a pas la brutalité de l’extinction solaire. Il laisse entrevoir une lueur d’espoir. Les températures, trés glaciales, finissent par se stabiliser. Dans cette nouvelle ère, l’humanité conserve une capacité d’adaptation, une possibilité — ténue mais tangible — de survivre… voire de prospérer. Même si, à long terme, tout semble irrémédiablement compromis. Au fond, j’ai voulu lui offrir une chance. Une ultime opportunité de renaître, dans l’ombre d’un géant.
Je tenais à créer un récit postapocalyptique empreint de nuances. Une apocalypse plus lente, où la vie s’efface plus progressivement, laissant entrevoir plus d’espoir. Avec en prime un ciel offrant un spectacle plus captivant.
Passionné par les scénarios postapocalyptiques, j’ai exploré dans deux de mes ouvrages les conséquences de la disparition du Soleil et d’une Terre arrachée à son orbite, dérivant autour de Jupiter. Pour le récit, Le dernier mouvement : chronique d’une Terre figée, j’ai souhaité apporter une variation subtile, une approche plus nuancée, en imaginant un effondrement progressif de la société. Ce rythme plus lent permet une immersion plus profonde et intensifie le suspense.
Dans cet univers où la Terre cesse de tourner sur elle-même, une infinité de scénarios était envisageable, tant les combinaisons d’éclairage entre les zones d’ombre et de lumière sont multiples.
Quant aux personnages principaux, j’ai choisi de les placer dans la zone de transition, cet entre-deux fragile, à la frontière du jour éternel et de la nuit perpétuelle.
Pourquoi ce choix ? J’avais déjà exploré les conséquences d’une obscurité totale dans mon ouvrage sur la disparition du Soleil et en ce qui concerne la face ensoleillée, je ne souhaitais pas m’engager dans un registre d’horreur brûlante, où la vie se consume plus rapidement.
La zone de transition, en revanche, est plus intéressante car elle offre une illusion d’équilibre. Elle semble, au premier regard, être un refuge viable. Les personnages – comme le lecteur – croient pouvoir s’y installer et reconstruire. Mais cette stabilité n’est qu’un mirage : les conditions sont précaires, imprévisibles, et l’équilibre psychologique s’effondre peu à peu.
Toutefois, pour ne pas prolonger indéfiniment ce calvaire, j’ai volontairement mis un terme à cette immobilité terrestre au bout de quatre jours. Une durée, pendant laquelle les personnages principaux, peuvent entrevoir les conséquences d’un tel bouleversement à long terme.
J’ai donc choisi que la Terre reprenne sa rotation — mais dans le sens inverse, avec des jours d’une durée nouvelle, pour marquer le début d’une ère inédite : différente, incertaine, peut-être plus supportable… mais tout aussi étrangère. L’humanité ne sort pas indemne de l’enfer, elle en échappe seulement pour pénétrer dans une autre réalité, régie par des lois encore insaisissables, où elle devra probablement s’adapter. Un nouveau mouvement s’installe — non pas un retour au passé, mais une transformation profonde du rythme terrestre. De quoi esquisser les prémices d’une suite, où la Terre ne sera plus figée… mais en mouvement, différent de celui d’autrefois, porteur d’autres espoirs mais aussi, probablement de nouveaux périls.
Si cela se produisait, comment l’environnement terrestre réagirait il à cette dérive gravitationnelle ? L’humanité saurait-elle s’ajuster à ce nouveau chapitre de son histoire ? Ou assisterions nous, impuissants, à notre propre effondrement ?
Au delà du froid, due à la distance avec notre étoile, cette situation serait beaucoup plus complexe avec d’innombrables répercutions sur notre planète.
Dans Sous l’empire de Jupiter : une humanité transformée, je raconte cette dérive tragique vers les abysses dans un contexte où les journées sont presque nocturnes et où notre planète connait un bouleversement sans précédent. Voici un aperçu :
En 2036, plusieurs grandes puissances mondiales s’affrontent dans une lutte acharnée pour affirmer leur suprématie technologique. Leur objectif : maîtriser la création de trous de ver, persuadées que cette avancée prodigieuse leur garantirait un contrôle total sur l’exploration spatiale.
Parmi elles, une mystérieuse organisation russe franchit un cap décisif en réussissant à envoyer un robot aux abords de Callisto, l’une des lunes glacées de Jupiter.
Alertée par cette prouesse inédite, la NASA ouvre une enquête. Très vite, elle découvre que les méthodes employées sont non seulement douteuses, mais également en violation flagrante des normes internationales de sécurité.
Bien décidé à comprendre les véritables conséquences de cette percée, John, brillant physicien quantique, se tourne vers Katerina, spécialiste des trous de ver. Puis, il fait une découverte inquiétante : le trou de ver artificiellement créé dans l’atmosphère terrestre par cette organisation va bientôt entraîner la Terre dans la gravité de Jupiter. Que faire ? Quand cela va t-il se produire ?
Face à cette menace cosmique, John se tourne vers une communauté isolée, dirigée par Julian Meetpeace, un visionnaire lucide capable d’anticiper une ère où l’humanité devra s’adapter ou disparaître. Sa solution : bâtir, au cœur de l’Idaho Central, une colonie autonome, durable, conçue pour protéger des survivants des bouleversements à venir. Mais le temps est compté…
Dans l’univers, de nombreux facteurs influencent la rotation d’une planète sur elle-même ou la contraignent à exposer en permanence la même face à son étoile, comme c’est le cas de la Lune avec la Terre. Ce phénomène, appelé rotation synchrone, est courant pour les lunes et certaines exoplanètes proches de leur étoile.
Mais que se passerait-il si, du jour au lendemain, la Terre cessait complètement de tourner sur elle-même ? Un tel événement, bien que rarissime à l’échelle cosmique, n’est pas totalement impossible. Plusieurs forces, comme les interactions gravitationnelles avec le Soleil ou un impact massif, pourraient progressivement ralentir la rotation terrestre jusqu’à la bloquer, rendant sa période de rotation quasi infinie.
Un monde divisé en deux extrêmes
Si la Terre adoptait une rotation synchrone avec le Soleil, elle serait divisée en deux hémisphères radicalement opposés :
Une face éclairée en permanence
Une face plongée dans une nuit éternelle
Sur la face ensoleillée, les températures atteindraient entre 60 et 80°C, voire plus si l’effet de serre s’emballait. L’eau des rivières, des lacs et des océans s’évaporerait à un rythme effréné, saturant l’atmosphère d’humidité. Les terres deviendraient des déserts arides, similaires à Vénus, où la chaleur rendrait toute vie presque impossible.
De l’autre côté, sur la face sombre, les températures chuteraient en dessous de -100°C, transformant cet hémisphère en un immense désert glacial. La vapeur d’eau provenant de la face éclairée se condenserait rapidement, formant des tempêtes de neige et d’immenses calottes glaciaires qui ne fondraient jamais. Avec le temps, toute l’eau de la planète migrerait vers cette face obscure, privant l’autre moitié de toute ressource hydrique.
De plus, l’arrêt brutal de la rotation de la Terre aurait pour conséquence la disparition progressive de son champ magnétique. Ce bouclier naturel, généré par le mouvement du noyau externe liquide, disparaîtrait, exposant la planète aux vents solaires et aux radiations cosmiques. Sans cette protection, l’atmosphère s’éroderait encore plus rapidement, accentuant les extrêmes climatiques et compromettant davantage la survie de la vie telle que nous la connaissons
Une zone intermédiaire, dernier espoir pour la vie ?
Seule une fine bande de crépuscule, située entre ces deux extrêmes, pourrait offrir un climat relativement stable. Ici, le Soleil resterait éternellement à l’horizon, maintenant des températures entre -10 et 30°C, rendant cet espace potentiellement habitable.
Mais cette zone ne serait pas un paradis pour autant :
Des vents violents souffleraient en permanence, redistribuant la chaleur et le froid de manière chaotique.
La pression atmosphérique pourrait être modifiée, rendant la respiration difficile.
La concurrence pour cet espace vital serait féroce, provoquant une migration massive et des conflits humains d’une ampleur sans précédent.
Un monde en ruine, une humanité condamnée ?
Un tel bouleversement signerait la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. D’un côté, une chaleur infernale ; de l’autre, un froid mortel. Les infrastructures, l’agriculture et les écosystèmes s’effondreraient. Même la zone habitable ne suffirait pas à sauver l’humanité, car la surpopulation et la pénurie de ressources mèneraient à un chaos généralisé.
À terme, la vie terrestre serait presque entièrement anéantie, à l’exception peut-être de quelques espèces résistantes dans les profondeurs des océans ou sous la surface terrestre.
En résumé, si la Terre cessait de tourner, elle deviendrait un monde de désolation extrême, où seule une mince bande intermédiaire offrirait un espoir de survie… mais à quel prix ?
L’image ci-dessous illustre la situation. Cependant, quelque chose cloche. Pour savoir de quoi il s’agit, consultez la réponse en commentaire.
Et si l’impensable se produisait ? Si le Soleil disparaissait soudainement, plongeant la Terre dans une obscurité sans fin ? Un scénario impossible selon nos lois physiques, et pourtant… Avez-vous déjà envisagé les conséquences d’un tel cataclysme ? Combien de temps notre monde pourrait-il encore survivre ?
Huit minutes et vingt secondes. C’est le temps qu’il nous faudrait pour réaliser l’ampleur du désastre, le temps exact que met la lumière à parcourir la distance entre le Soleil et la Terre.
Après sa disparition, ce serait le chaos absolu. D’abord, des tempêtes titanesques secoueraient l’atmosphère, provoquées par les écarts de température extrêmes entre les différentes couches de l’air. Puis, un froid glacial et implacable s’installerait, rendant toute adaptation impossible. Les températures chuteraient inexorablement, transformant notre planète en un tombeau de glace.
Dans le livre Nuit éternelle : chroniques d’un monde sans soleil, j’explore cette descente aux enfers à travers le destin de quelques survivants prêts à tout pour échapper à l’inévitable. Un univers sombre, oppressant, où chaque instant devient une lutte désespérée contre la mort.
Dans l’image ci-dessous, on découvre une représentation saisissante de la situation : un paysage froid et glacial, une ville désolée où seules quelques lumières artificielles subsistent. Depuis l’espace, la Terre apparaît telle qu’elle serait après une longue période d’obscurité, tandis qu’à l’horizon, une lueur fragile évoque notre étoile mourante.